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360Learning tente de justifier sa non-conformité SCORM

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Introduction

360Learning vient de publier un livre blanc intitulé « Les LMS SCORM : prison invisible de l’entreprise digitale ? ». Après une lecture attentive de ce document, je me sens obligé de réagir sur ce blog, au moins pour 2 raisons :

  • A en croire le nombre de contre-sens relevées, l’auteur de ce livre blanc semble avoir une connaissance très limitée de SCORM, ce qui est dommageable pour le lecteur qui est tout simplement trompé par simple intérêt commercial. De la part d’un professionnel du e-Learning, je trouve que l’on frôle le défaut de conseil.
  • Ce livre blanc critique les LMS conformes à SCORM en dénigrant un standard que 360Learning n’a pas pris la peine de mettre en oeuvre. 360Learning est bien sûr libre de ses choix stratégiques, mais en utilisant de faux-arguments, cette démarche me semble déloyale d’un point de vue concurrentiel.


Avant de développer, je rappelle que je suis un expert en LMS et expert/formateur en standards e-Learning (SCORM, xAPI), et que j’exerce ma profession de manière totalement indépendante, c’est-à-dire sans intérêt lié aux éditeurs du marché.

Je précise également que je n’hésite pas moi-même à être critique (au sens originel du terme) vis à vis de SCORM, mais de manière équilibrée et constructive, tout du moins je l’espère : « Utiliser SCORM en ménageant l’avenir« , « SCORM 2004, quel bilan après 8 ans d’existence ?« , « Faut-il toujours se conformer à SCORM ?« , etc.

Les auteurs et lecteurs du livre blanc de 360Learning sont bien entendu libres de réagir en commentant cet article.

12 pépites relevées dans le livre blanc 360Learning

Voici donc 12 pépites relevées dans le livre blanc, avec quelques explications pour rétablir la vérité.

[quote]…les LMS basés exclusivement sur SCORM sont devenus en 15 ans une prison invisible […] Depuis le début des années 2000, le marché des LMS est structuré par des acteurs ayant construit leur technologie uniquement pour SCORM : Saba, Cornerstone, Syfadis, Moodle, SumTotal. [/quote]

Faux. A ce jour, presqu’aucun LMS n’est basé exclusivement sur SCORM. La très grande majorité des LMS, et la totalité des exemples cités, offrent diverses solutions d’intégration de contenus : import de documents, import de contenus HTML créés hors LMS, liens vers contenus hébergés hors LMS, éditeur intégré de quiz (assez fréquent), éditeur intégré de contenu (parfois). Les LMS conformes à SCORM considèrent donc SCORM comme une possibilité, un outil parmi d’autres. Le créateur de contenu a le choix des armes. Il ne s’agit donc en rien d’une prison.

[quote]La plateforme LMS ne transmet aucune donnée concernant l’apprenant au module SCORM. […] Le module de formation ne reçoit pas les identifiants de l’apprenant… »[/quote]

Faux. Le LMS transmet des informations propres à l’apprenant (ex. son identifiant, son nom, ses préférences), des informations d’historique liées à la consultation du contenu, voire même des informations liées aux objectifs pédagogiques de l’apprenant (SCORM 2004).

[quote]Le standard SCORM permet de suivre 2 données dans la formation : le score global obtenu et le temps passé. Le score correspond à une moyenne mais ne permet malheureusement pas de descendre plus bas. Par exemple, il n’est pas possible de détecter des faiblesses sur une thématique ou une question précise.[/quote]

Faux. Le module SCORM peut renvoyer toutes les interactions de l’apprenant, par exemple toutes les réponses fournies lors d’un Quiz. Les questions d’un Quiz peuvent être classées par « objectifs », donc par thématique. A chaque objectif peut être associé un score.

[quote]Une activité de type question ouverte où l’apprenant rédige une réponse textuelle (ou remet un document) qui est alors corrigée manuellement par un formateur. C’est impossible sous SCORM.[/quote]

Faux. SCORM prévoit plusieurs types de questions/réponses, dont le type « texte libre » qui n’est pas évalué automatiquement, mais transmis au LMS pour être présenté au formateur qui l’évaluera.

[quote]Pour le LMS, il est impossible de proposer des formations interactives : aucune interaction entre apprenants n’est possible. Le travail collaboratif n’existe pas. La dimension humaine est bannie par SCORM.[/quote]

Faux. La plupart des LMS conformes à SCORM proposent diverses fonctions de collaboration permettant des interactions entre apprenants. La dimension humaine n’est pas bannie par SCORM. C’est un hors sujet. SCORM se concentre sur le suivi de consultation des contenus et laisse libre tout LMS quant aux fonctions de collaboration.

[quote]Avec SCORM, le LMS ne possède pas de données granulaires relatives au comportement de l’apprenant dans le module. Le standard ne prévoit malheureusement pas l’envoi de ces données.[/quote]

Faux. En plus du suivi des interactions et des objectifs de l’apprenant, SCORM permet au contenu de stocker tout type d’information librement. Ces informations peuvent englober des notions de comportement, traduites sous forme d’objectifs pour permettre au LMS d’en rendre compte.

[quote]SCORM a été imaginé pour la technologie FLASH à l’époque où HTML5 n’existait pas, entre 1999 et 2004. FLASH était la seule solution pour fournir sur le web des modules graphiques avancés.[/quote]

Faux. Lorsque SCORM a été conçu, Flash n’était utilisé que pour produire des animations graphiques, essentiellement des bannières publicitaires, et non des contenus e-Learning. SCORM n’est en rien lié à Flash. SCORM ne fait jamais référence à Flash. SCORM est en revanche lié à Javascript, ingrédient indispensable d’HTML5. De nombreux outils auteurs permettent d’exporter des contenus SCORM au format HTML5.

[quote]Il faut plusieurs mois pour mener un cycle complet de conception – production – déploiement de formation complexe. […] Le processus de delivery (production et déploiement de formation) se bloque fréquemment car il fait intervenir de multiples acteurs : concepteurs, experts métier, experts techniques, donneurs d’ordres, manageurs opérationnels.[/quote]

Hors sujet. Publier un contenu SCORM depuis un outil auteur prend quelques secondes. La durée du processus de production est indépendante de SCORM. Faire intervenir des concepteurs et experts métiers semble tout de même un minimum pour faire un travail de qualité, indépendamment des outils et standards utilisés.

[quote]La production des modules SCORM nécessite l’installation d’un logiciel sur les postes de travail. Ces logiciels sont complexes, et lourds. Semblables à Photoshop. Il faut une formation pour les utiliser.[/quote]

Faux. De nombreux outils auteurs sont très simples d’emploi et ne nécessitent aucune formation. Bien sûr, on utilise des outils adaptés à ce que l’on veut faire. Lorsque l’on veut produire des contenus complexes, on a besoin d’outils complets, et donc parfois complexes. Produire des contenus de qualité est aussi un métier.

[quote]Souvent, il faut au préalable valider des storyboards et des scénarios pédagogiques. Ces outils ont été construits à une époque où la norme était de produire des animations graphiques lourdes dont on pensait qu’elles pouvaient produire de l’engagement. L’échec du elearning des années 2000 est principalement du à cette approche.[/quote]

Hors sujet. Cela n’a à voir ni avec SCORM, ni avec les LMS. Je découvre toutefois avec stupeur que la conception pédagogique et la richesse médiatique sont considérés comme les causes de l’échec du e-Learning… Théorie très intéressante !

[quote]Une fois le module produit, il doit être exporté et le répertoire de fichier acheminé jusqu’à la plateforme LMS. Un technicien doit alors être mobilisé pour importer les modules SCORM.[/quote]

Faux. Dès lors qu’un processus de production est validé, par exemple en choisissant des outils auteurs reconnus, l’import d’un contenu SCORM dans le LMS est à la portée de tous.

[quote]Une alternative à SCORM est l’API Tin Can, ou xAPI. Celle-ci a pour principal objectif de modéliser des activités pédagogiques offline mais ne prévoit pas de répondre aux difficultés de SCORM soulevées dans cette étude (social, collaboratif, amélioration continue, complexité des processus de production). Malheureusement, le modèle de données ne prévoit pas non plus d’ajouter les données sociales, de type forum, ou de type formateur, ou travail en groupe.[/quote]

Faux. xAPI a de multiples objectifs, en particulier la traçabilité des activités informelles, collaboratives, sociales. Toutes les interactions sociales, y compris de type forum, peuvent être suivies, de même que les actions du formateur et activités de groupe.

Conclusion

360Learning a choisi de ne pas implémenter SCORM et je ne vois rien à redire à cela. C’est un positionnement que je respecte et qui peut être aisément défendu. De nombreux clients peuvent se satisfaire d’un éditeur en-ligne intégré au LMS, sans se préoccuper de SCORM.

Je trouve en revanche regrettable que pour défendre ce positionnement, 360Learning utilise des arguments fallacieux de nature à semer le trouble chez ses lecteurs et le discrédit sur ses concurrents. Mais j’ose espérer que cela n’est dû qu’à un problème d’incompétence…


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